1 – Présidents africains chez Donald Trump : malaise diplomatique et promesses économiques
Malaise. Étrange dîner que celui qui s’est déroulé jeudi 10 juillet à la Maison-Blanche. Face à un Donald Trump qui a multiplié les gaffes, entre paternalisme et arrogance, les présidents du Gabon, de la Guinée-Bissau, du Liberia, de la Mauritanie et du Sénégal ont, tour à tour, joué les “VRP” de leur pays respectif. La séquence était supposée se concentrer sur les questions économiques, les dirigeants africains cherchant à mettre en avant les avantages comparatifs de leur pays face à un Donald Trump en quête de nouvelles ressources pour rendre “son” Amérique plus grande. Elle a finalement été rythmée par de nombreux moments de malaise.
Au président Mohamed Ould Ghazouani qui vantait les richesses du sous-sol mauritanien en terres rares, manganèse et uranium, Donald Trump a demandé d’accélérer le tempo.
Au président Bassirou Diomaye Faye qui s’employait à “rassurer tous les investisseurs américains sur la stabilité politique” de son pays, il a parlé de son âge.
Au président Joseph Boakai, il a adressé des félicitations pour son niveau d’anglais, oubliant au passage que le Liberia est anglophone et que la création même du pays trouve ses racines dans l’histoire de l’esclavage aux États-Unis.
Tensions commerciales. Sur l’essentiel, le locataire de la Maison-Blanche a esquivé les questions. À celles portant sur la remise en question de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), un sujet crucial pour les économies du continent, le président américain a botté en touche, renvoyant la question à ses assistants et promettait de “regarder ça”.
Jamieson Greer, représentant des États-Unis pour le commerce extérieur, a réaffirmé la politique de Washington de renforcement des barrières douanières.
Flou sécuritaire. Sur les questions sécuritaires, les échanges qui se sont déroulés au cours de ce dîner n’ont pas permis d’en savoir beaucoup plus sur les options stratégiques des États-Unis. Donald Trump s’est contenté de rappeler les objectifs américains en matière de défense et de lutte antiterroriste, glissant au passage une analyse particulièrement poussée : le terrorisme “est un grand problème pour l’Afrique”.
Il n’a en revanche pas manqué d’insister sur la politique migratoire ultra-répressive qu’il a mise en place ces dernières semaines. “J’espère que nous pourrons réduire les taux élevés de dépassement de visas et progresser sur les accords de pays tiers sûrs”, c’est-à-dire de pays vers lesquels Washington peut envoyer manu militari les ressortissants considérés comme “illégaux” par son administration.