Factures en souffrance. Si les entreprises restent très discrètes sur le sujet, les factures s’accumulent sur le bureau de Cheick Diba, le ministre sénégalais des Finances et du Budget, rapporte Thaïs Brouck, dans l’analyse qu’il dresse de la situation financière de l’État sénégalais.
L’ampleur des dettes – dont le montant exact n’est pas connu – est telle que le FMI s’en est inquiété. Selon les sources interrogées par Jeune Afrique, pour les seules entreprises du BTP, le montant s’élèverait à plus de 300 milliards de FCFA, soit 460 millions d’euros. CSE et sa filiale Soseter, Eiffage Sénégal, CDE, Ecotra… La majeure partie des entreprises intervenant au Sénégal sont concernées.
« Cette dette est devenue inquiétante, s’alarme Diaraf Alassane Ndao, secrétaire général du syndicat national des travailleurs du BTP. Cela affecte également tous les sous-traitants qui travaillent avec ces entreprises. »
Entreprises fragilisées. Si les grandes entreprises ont les fonds permettant de faire face, les PME et TPE se trouvent, pour certaines, en très grandes difficultés face à ces paiements qui tardent. « Cette dette plombe considérablement l’activité des entreprises et notamment leur trésorerie.
Paradoxalement, pendant ce temps, les entreprises sont obligées de s’acquitter de leurs obligations fiscales et douanières envers l’État. Cette situation menace notre survie », déplore un acteur du secteur, qui a souhaité garder l’anonymat.
Cet endettement auprès des entreprises cache une autre réalité, plus vaste : le poids de la dette totale de l’État sénégalais. « Avec les eurobonds successifs contractés ces dernières années, le Sénégal est massivement endetté et doit rembourser un total de 18 milliards de dollars d’ici à 2029 », détaille l’économiste Seydina Alioune Ndiaye. Rien que l’an prochain, le Sénégal va devoir rembourser 2 559 milliards de FCFA (3,87 milliards d’euros) à ses différents créanciers. Cela représente le tiers du budget annuel du pays.