Coup diplomatique et frustration. La rencontre surprise entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, le 18 mars à Doha, avait débouché sur l’annonce d’un « cessez-le-feu » dans l’est de la RDC. Cette rencontre, véritable « coup diplomatique » pour l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, ne s’est pour l’heure traduite par aucun changement notable de situation sur le terrain, où le M23 et ses alliés rwandais continuent d’affronter les Forces armées de la RDC et leurs supplétifs wazalendo dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.
Elle aura cependant eu un effet immédiat : provoquer l’agacement de João Lourenço, comme le raconte Romain Gras, dans l’article qu’il consacre aux raisons qui expliquent l’ire du président angolais. Au lendemain de la rencontre de Doha, le ministère angolais des Affaires étrangères a, très diplomatiquement, fait part de son « étonnement » d’avoir découvert cette entrevue dont Luanda n’avait pas été informée.
Quant à Lourenço, il a annoncé avoir l’intention de « se consacrer pleinement aux priorités [de l’Union africaine] ». Une manière polie de dire qu’il jette l’éponge. « Lourenço avait déjà manifesté son mécontentement quand l’émir avait tenté de réunir les deux présidents, en janvier 2023. Pour lui, cette crise africaine devait être réglée en Afrique », confie à Jeune Afrique une source proche de la médiation qatari.
Échec diplomatique. La frustration du président angolais est à la hauteur des espoirs qui avaient été placés en lui lors du lancement du « processus de Luanda », en 2022, sous l’égide de l’Union africaine. João Lourenço faisait alors figure d’homme providentiel au moment où les tensions ne cessaient de monter entre Kinshasa et Kigali. Considéré par Félix Tshisekedi comme l’un de ses « meilleurs alliés », le chef de l’État angolais entretenait également de bons rapports avec Paul Kagame, avec qui il avait notamment noué des liens lorsque les deux hommes s’étaient impliqués dans la crise centrafricaine, en 2019.
Mais c’était sans compter sur le processus de Nairobi, d’abord piloté par l’ex-président kényan Uhuru Kenyatta. Placée sous la conduite de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), cette médiation, supposée être complémentaire, s’est avérée quasi concurrente.
Fin 2024, Lourenço avait pourtant enregistré plusieurs succès, au point d’entrevoir la signature d’un accord de paix, qui devait avoir lieu le 15 décembre, à Luanda. Tout était prêt, mais Paul Kagame avait finalement annulé sa venue, arguant du refus, par Félix Tshisekedi, de discuter avec le M23. Le groupe rebelle qui, d’après les informations de Jeune Afrique, a été convié à Doha dans le cadre de la médiation conduite par l’émir du Qatar.