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29 Aprile 2024« Il y a quelques semaines, on parlait d’un risque (de guerre). Mais aujourd’hui, l’escalade est bien présente et personne n’y a intérêt, y compris le Hezbollah », met en garde Stéphane Séjourné.
OLJ / Par Mounir RABIH
Stéphane Séjourné a tâté le terrain au Liban, des réponses doivent encore être données par Israël. Voilà à quoi se résume le bilan de la journée marathon du chef de la diplomatie française dimanche à Beyrouth. Certes, cette visite éclair avait pour principaux objectifs de discuter des moyens de réduire l’escalade au Liban-Sud et d’atteindre un accord pour éviter une guerre généralisée. Mais elle a aussi été l’occasion pour le ministre français d’aborder avec ses interlocuteurs – le président du Parlement Nabih Berry, le chef du gouvernement sortant Nagib Mikati, le patron de l’armée Joseph Aoun et le chef de la diplomatie Abdallah Bou Habib – d’autres questions, notamment l’élection présidentielle dans l’impasse et le dossier devenu explosif des migrants syriens.
Stéphane Séjourné a fait escale à Beyrouth dans le cadre d’une tournée régionale qui l’emmènera en Arabie saoudite puis en Israël où se trouve actuellement l’émissaire présidentiel américain, Amos Hochstein. Ce dernier est en visite familiale à Jérusalem, mais cela ne l’a pas empêché de tenir des réunions avec les responsables israéliens pour contenir une situation devenue extrêmement dangereuse sur le terrain… en attendant les résultats de la tournée du diplomate français.
Les efforts des deux hommes font suite à la rencontre qui a eu lieu il y a quelques jours à Washington entre M. Hochstein et l’émissaire français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian. « Lors de cette réunion, Paris a cherché à relancer le travail dans le cadre d’un plan commun avec Washington, confie une source diplomatique occidentale. Dans ce contexte, la France a révisé sa proposition (de solution) précédemment soumise au Liban, ce dernier l’ayant qualifiée de “feuille de route israélienne”. » Ces ajustements semblent rapprocher le plan français de la proposition américaine. Celle-ci bénéficie déjà d’un accord de principe de la part de Beyrouth qui conditionne toutefois sa mise en œuvre à la cessation des hostilités à Gaza, confirme une source officielle libanaise. La proposition américaine est désormais connue et consiste en la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de manière progressive et par étapes : d’abord un cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël, suivi du retour des populations des deux côtés de la frontière ; ensuite la suspension de toute activité militaire et le retrait des armes en parallèle au déploiement de l’armée libanaise et de la Force intérimaire des Nations unies et au renforcement de leur présence dans le secteur ; et enfin la troisième étape concernera les négociations pour consacrer le tracé de la frontière terrestre reconnu internationalement. Quant à la proposition française en cours d’élaboration, elle comprend (similairement) d’abord un arrêt des hostilités entre le Hezbollah et l’armée israélienne, conformément à la résolution 1701 ; le retour en toute sécurité des habitants des régions des localités frontalières au nord d’Israël et au sud du Liban ; le déploiement de l’armée libanaise dont les effectifs devraient être renforcés, tout comme la Finul, et la fourniture de l’aide nécessaire à cet effet.
« Le scénario du pire »
Lors de ses réunions à Beyrouth, Stéphane Séjourné a informé ses interlocuteurs que la France cherche à parvenir à un accord et qu’une feuille de route est en cours de préparation et sera bientôt transmise à Beyrouth à travers les canaux diplomatiques. S’il a assuré que « les observations libanaises sont pleinement prises en compte » dans les efforts de son pays, le diplomate a clairement fait comprendre que toute proposition finale de solution reste suspendue aux discussions avec la partie israélienne, même si les choses sont « sur la bonne voie ». Son homologue libanais est allé dans le même sens. « Nous n’avons pas discuté des détails de cette proposition que nous pourrions recevoir d’ici à quelques semaines après concertations avec les pays concernés », a affirmé Abdallah Bou Habib à la presse.
En attendant, c’est sur un ton alarmiste que M. Séjourné s’est adressé aux Libanais lors d’un point de presse au Quai d’Orsay au terme de sa tournée. « Il y a quelques semaines, on parlait d’un risque. Mais aujourd’hui, l’escalade est bien présente et personne n’y a intérêt, y compris le Hezbollah », a-t-il mis en garde. « Préserver le Liban, c’est la responsabilité de la France », a-t-il ajouté, ajoutant que toutes les parties libanaises doivent aussi assumer leur responsabilité. « La nuit du 13 au 14 avril (pendant laquelle l’Iran avait lancé ses drones et ses missiles contre Israël, en riposte à l’attaque de son consulat à Damas au début du mois) était un tournant », a estimé le chef de la diplomatie française. « Nous refusons le scénario du pire, qui est celui de la guerre (…) » a-t-il encore insisté, précisant que le même message était adressé à Israël. Stéphane Séjourné a aussi indiqué qu’il avait rencontré les responsables de la Finul, qui « joue un rôle décisif pour éviter le scénario du pire », estimant que toutes les parties devaient lui permettre de mener à bien sa mission. « Nous continuons à appuyer l’armée libanaise, dont le déploiement au Sud est nécessaire pour la stabilité », a poursuivi le chef du Quai d’Orsay. Il a enfin fait savoir que les efforts entrepris « porteront d’autant plus si les institutions libanaises sont là » et que « sans président et gouvernement en exercice, le Liban ne sera pas présent à la table des négociations ».
La crise présidentielle a d’ailleurs été évoquée avec Nabih Berry qui a fait savoir au diplomate français que « le quintette poursuit ses efforts visant à aboutir à des sessions de consultations en vue de l’élection du président », selon une source proche de Aïn el-Tiné. M. Berry a également abordé la question des migrants syriens, demandant à la France de changer, avec l’Allemagne, d’approche à l’égard du régime syrien, insistant sur la nécessité de dialoguer et de négocier avec Damas pour résoudre ce dossier et permettre aux Syriens de retourner afin d’alléger le fardeau sur le Liban, apprend-on de même source. Lors de la rencontre à Aïn el-Tiné, M. Berry a montré à son visiteur une carte (préparée par le Conseil national pour la recherche scientifique, CNRS) indiquant l’ampleur des dégâts et des pertes résultant des opérations militaires dans le Sud.
« Redéploiement » et non-« retrait »
Avant la visite de M. Séjourné, le Liban avait demandé que les modifications apportées à la proposition française ne mentionnent pas un « retrait » du Hezbollah du sud du Litani, mais plutôt un « redéploiement ». Cela a été discuté lors de la visite du Premier ministre Mikati la semaine dernière à Paris. Le président Emmanuel Macron lui avait alors demandé de transmettre un message au Hezbollah sur la nécessité de séparer la trajectoire du Liban de celle de Gaza. Cependant, le parti chiite continue de rejeter cette demande, estimant que les Américains doivent d’abord exercer des pressions sur Israël pour consolider un cessez-le-feu à Gaza, ce qui mènera à une désescalade au Liban, puis ultérieurement à un accord diplomatique.
Selon la source diplomatique occidentale précitée, les Français ont été informés par les Libanais que le Hezbollah est prêt à parvenir à un accord, mais seulement après un cessez-le-feu à Gaza. Dans ce contexte, une source proche du Hezbollah exclut la possibilité que la démarche française aboutisse tant que la guerre dans l’enclave palestinienne se poursuit, « à moins que les Américains ne soient ceux qui dirigent le processus ». « La guerre à Gaza et dans le sud du Liban est entre les mains des États-Unis, et le Hezbollah ne peut pas s’engager à aller vers un accord tant qu’il ne connaît pas l’évolution des événements », ajoute cette source proche de Haret Hreik.
« Il n’est plus possible de séparer l’approche française de l’approche américaine, note une autre source diplomatique occidentale. Le rôle américain et le travail d’Amos Hochstein seront déterminants. » La date de la visite de ce dernier au Liban n’est pas encore fixée, mais des contacts peuvent être établis à tout moment pour demander des rendez-vous, d’autant plus que Hochstein a obtenu un « visa » pour se rendre à Beyrouth auprès de l’ambassade libanaise à Washington. Plusieurs facteurs détermineront sa décision, notamment l’évolution des négociations sur un cessez-le-feu à Gaza. Les Français, selon cette source diplomatique, pressent pour que cette trêve, si confirmée, soit une opportunité pour le Liban d’aboutir à un règlement et non un risque d’escalade majeure. Toutefois, la réponse à cela a été résumée par Abdallah Bou Habib qui a été, selon des propos rapportés par les médias, on ne peut plus éloquent : « Le Liban n’est pas entré en guerre, le Hezbollah l’a fait. C’est la réalité. Nous espérions que cela ne se passe pas comme cela, mais c’est désormais un fait. »