Les Etats-Unis doivent « stopper Israël par la force ! ». A Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, des habitants ont salué lundi la résolution de l’ONU exigeant « enfin » un cessez-le-feu, mais restaient sceptiques quant à la volonté israélienne de s’y conformer.
A l’extrême sud du territoire, la grande ville qui a vu sa population quintupler avec l’arrivée de plus d’un million de déplacés de guerre, est dans l’oeil du cyclone : Israël, ignorant les appels de nombreux pays parmi lesquels l’allié américain, a juré d’y lancer une offensive terrestre pour en déloger tous les combattants palestiniens.
Cette résolution de l’ONU « arrive tard, après des mois de massacres. Le peuple palestinien est fatigué de cette guerre, c’est aussi son droit de vivre dans la dignité et dans la paix, comme le reste du monde », soupire Ihab al-Assar, 60 ans, déplacé de la ville de Gaza, 30 km plus au nord. Finalement, « les Etats-Unis ont acquis la conviction que l’ennemi sioniste commettait des massacres et un nettoyage ethnique en Palestine et dans la bande de Gaza », dit-il : « Espérons qu’Israel se conforme à cette décision » de l’ONU.
Pour Bilal Awad, 63 ans, rien de moins sûr. Ce déplacé de la ville de Khan Younès, à 10 km de là, en appelle directement « à l’Amérique »: « l’Amérique doit protéger Rafah comme elle a protégé Israël », demande-t-il.
Tant de résolutions
« Si l’Amérique n’arrête pas Israël par la force, ses décisions seront juste de l’encre sur un papier. Comme elle l’a soutenu avec toutes ces armes et ces avions et toute cette puissance, elle doit maintenant l’arrêter par la force, elle doit s’assurer qu’Israël adhère à cette résolution et aux résolutions internationales, ou sinon Israël restera à l’extérieur des cadres de sécurité ».
Lundi, le Conseil de sécurité de l’ONU a exigé depuis New York un « cessez-le-feu immédiat » dans la bande de Gaza, une première après cinq mois et demi de guerre et plusieurs veto des Etats-Unis, qui se sont cependant cette fois abstenus.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien ayant entraîné la mort d’au moins 1.160 personnes ; environ 250 personnes ont été enlevées, dont 130 sont toujours otages à Gaza. Les représailles d’Israël ont fait plus de 32.300 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.
A Rafah, Qassim Muqaddad, 74 ans, lui aussi déplacé de Khan Younès, « espère que la décision de l’ONU sera appliquée et que, sinon, les grandes puissances utiliseront leur force et leur autorité, comme ils l’ont fait en Irak, en Syrie, et ailleurs ». « C’est ce que j’espère. Mais nous ne sommes pas très optimistes quant au fait qu’Israël accepte, parce qu’il a ignoré tant de résolutions », ajoute le vieil homme, tandis qu’autour de lui la foule se presse, préoccupée d’abord par la recherche de nourriture en cette heure de rupture du jeûne du ramadan.