Complot. La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre à Cotonou. Olivier Boko, hommes d’affaires longtemps extrêmement proche de Patrice Talon, et Oswald Homeky, ancien ministre des Sports, ont été arrêtés dans la nuit du 23 au 24 septembre par des éléments de la brigade criminelle.
La justice soupçonne les deux hommes d’avoir fomenté un coup d’État. À en croire Elon’m Mario Metonou, procureur de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), les deux hommes auraient confié au colonel Djimon Dieudonné Tévoédjrè, commandant de la Garde républicaine, la mission « d’opérer par la force un coup d’État dans la journée du 27 septembre ». Si Olivier Boko et Oswald Homéky sont toujours détenus dans le cadre de l’enquête, le colonel Tévoédjrè a, lui, été remis en liberté.
Le « frère » devenu ennemi. Outre la gravité des faits reprochés aux présumés comploteurs, c’est l’identité même de ceux-ci qui a provoqué une déflagration politique au Bénin. Oswald Homeky, ancien ministre, est en effet l’un des partisans de la première heure de Patrice Talon. Il fait partie de ce groupe, relativement restreint, d’hommes politiques à l’avoir rejoint avant qu’il n’accède au pouvoir, en 2016.
Plus encore, le profil d’Olivier Boko ne laisse de surprendre sur la nature des soupçons qui pèsent contre lui. L’homme d’affaires, qui a travaillé main dans la main avec Patrice Talon avant que ce dernier n’accède au pouvoir, était considéré jusqu’à il y a quelque mois comme le plus fidèle parmi les fidèles du président béninois. Sans titre officiel, Olivier Boko se voyait régulièrement affublé du surnom de « vice-président » tant était grande sa proximité avec le chef de l’État. Rares ont été les voyages présidentiels à l’international lors desquelles Olivier Boko était absent.
1,5 milliard en cash. Au cœur des accusations portées par les enquêteurs à l’encontre d’Olivier Boko et Oswald Homéky : de très fortes sommes d’argent remises en liquide au colonel Djimon Dieudonné Tévoédjrè. Par deux fois, le colonel s’est vu remettre des sacs remplis de billets : le 6 août et le 24 septembre, quelques instants avant que la police ne procède à l’interpellation de l’ancien ministre et de l’homme d’affaires.
Le procureur évoque une somme totale de 1,5 milliard de F CFA (soit près de 2,3 millions d’euros), en espèces, soit « 129 lots de dix millions, constitués de billets de 10 000, et 42 lots de cinq millions, constitués de billets de 5 000 ». Le procureur a également évoqué une somme de 105 millions de F CFA, virée sur un compte à la NSIA Banque Côte d’Ivoire. Il s’est avéré, comme l’a révélé Jeune Afrique, qu’il s’agissait non pas d’un virement sur un compte bancaire, mais d’une police d’assurance souscrite auprès de NSIA Assurance au nom du commandant de la Garde républicaine, le 9 juillet dernier.