Quiconque y a déjà passé de (très) longues heures vous le dira : L’Orient-Le Jour ne ressemble à aucun autre journal. En y entrant, on embrasse une grande famille que l’on ne connaît pas, une histoire qui nous dépasse, une vision de la presse, du Liban et du Moyen-Orient qui nous fédère.
Cet héritage nous honore et nous oblige. Un siècle, cela a quelque chose de vertigineux. Il y a d’abord ces deux géants, Georges Naccache et Michel Chiha, qui ont respectivement posé les fondations de L’Orient et du Jour. Ils ont incarné deux projets politiques longtemps concurrentiels, mais dont la complémentarité saute aujourd’hui aux yeux.
Il y a ensuite toutes ces plumes qui ont fait la réputation du journal, parmi lesquelles : Édouard Saab, Marwan Hamadé, Lucien George, Samir Frangié, ou encore Issa Goraieb, que nous avons la chance d’avoir encore parmi nous.
Il y a enfin tous ces moments d’histoire, du mandat français au soulèvement d’octobre 2019, de la conquête du Hedjaz par ibn Saoud aux printemps arabes, qui ont façonné le Liban et le Moyen-Orient et donné une voix des plus singulières à notre journal.
Il est essentiel pour nous de ne pas oublier d’où l’on vient et d’où l’on écrit. C’est notre ADN. Mais il n’est pas question pour autant de sombrer dans une nostalgie passive, voire même paralysante.
Nous avons cent ans, mais nous n’avons jamais été aussi jeunes. À l’occasion de cet anniversaire, nous voulons regarder vers l’avenir et non seulement vers le passé.
Pourquoi L’Orient-Le Jour existe-t-il ? Pourquoi continue-t-il d’exister dans un pays en plein délitement, où la langue française perd chaque jour du terrain, et dans un contexte international où la presse traverse une crise sans précédent ? Voilà les questions qui nous animent au quotidien. Se définir, et déterminer par conséquent ses missions, est l’un des exercices les plus compliqués. Mais aussi les plus essentiels.
Cent ans après sa création, L’Orient-Le Jour est un média en deux langues, présent sur de multiples plateformes, et un outil indispensable pour faire vivre le lien qui unit le Liban et sa diaspora. Mais nous pensons que nous sommes aussi beaucoup plus que cela.
L’Orient-Le Jour, c’est avant tout un espace de liberté quasi unique non seulement au Liban mais dans toute la région. Cette liberté d’esprit et de ton, cette indépendance vis-à-vis de tous les bords politiques, de toutes les puissances régionales et/ou internationales n’a pas de prix. C’est notre bien le plus précieux.
Voilà un siècle que nous nous battons pour une certaine idée du Liban, du Moyen-Orient et du journalisme, et nous allons continuer de le faire. Un Liban libre, pluriel et souverain. Un Moyen-Orient démocratique, allergique à tous les fanatismes, qu’ils prennent la forme du khomeynisme, du wahhabisme, de l’islamisme des frères musulmans, du jihadisme, du baasisme, ou même du suprémacisme juif. Un journalisme de rigueur et de nuances, au service d’une vision humaniste. L’Orient-Le Jour est à ce titre l’un des derniers refuges d’un certain esprit levantin qui a quasiment disparu partout ailleurs.
Nous voulons continuer de grandir, de peser, d’influencer, d’apporter un autre regard, à vos côtés. Sans vous, L’Orient-Le Jour n’existerait pas. En route pour le bicentenaire !